Entre ciel et terre en Birmanie – Bagan et Yangon
Après avoir fait les foufous dans la pampa birmane et avoir démarré de la plus belle des manières ce séjour de deux semaines en Birmanie, la suite de notre itinéraire est faite de temples (Bagan) et de la découverte de la capitale Yangon (ou Rangoun pour les puristes).
C’est à bord, pour changer, du mini van Toyota que nous prenons place en direction donc de Bagan. Comme le précédent trajet entre la frontière et Hpa-an, celui-ci prendra une éternité et sentira bon le bétel sur l’ensemble du trajet.
Il convient avant tout de faire un petit topo sur le bétel. Cette herbe, introduite par les indiens fait des ravages en Birmanie à tel point que l’on parle là-bas de « bombe sanitaire ». Concrètement, cette herbe à mâcher crée un « jus » épais une fois mâché qui force les consommateurs à recracher une grande quantité de ce produit par terre dans une couleur rougeâtre comparable au sang. Il ne faut surtout pas avaler cette fameuse mixture, très toxique pour l’organisme. Le bétel est consommé par l’ensemble de la population leur donnant un sourire rouge « Dracula ». Ses revendeurs et consommateurs lui prêchent des vertus en termes de concentration notamment (pratique pour conduire 12 heures de suite :o). La science lui donne des vertus psychotropes et aussi extrêmement néfaste pour les gencives et les dents. Bref, on n’a pas essayé !
A Bagan, on loge bien !
11 janvier 2018 :
L’aparté réalisé, nous arrivons donc après un nouveau trajet interminable devant notre hôtel. Première surprise, il ne s’agit pas, comme annoncé par Marghe d’un hôtel « à 10 balles » que nous avons l’habitude de faire depuis notre départ en septembre. Il s’agit d’un hôtel où deux jeunes hommes courent littéralement au van pour porter nos sacs. Toujours un peu dérouté et encore traumatisé probablement des dernières personnes qui ont pris nos bagages, je ne comprends pas trop ce qui se passe.
Marghe me dit que tout va bien se passer ! En effet, elle a réservé pour mes 30 ans le Royal Bagan Hôtel où on retrouve un standing digne de mon grand âge : piscine à l’arrière, resto, chambres spacieuses avec une douche à l’italienne, propreté irréprochable et même une fenêtre. Que demander de plus ? Pas grand-chose en fait, il y a même du foot anglais à la tv (qualité streaming ouzbek). On se pose donc là un petit moment (l’après-midi) puis on file en soirée vers la rue de la bringue absolue où une dizaine de restos servent de la nourriture « mondiale ». On s’arrête dans un resto où on ne retiendra rien à part le prix de la bière à très vil coût et on rentrera à pied. Le new Bagan est vraiment désert ce soir-là et n’incite pas vraiment à traîner. Les rues sont peu éclairées et on décide donc de finir la soirée à l’hôtel.
A Bagan, on est pieux mais que !
12 janvier 2018 :
Bagan est une ville décomposée en 3 grandes parties : Old Bagan, la ville musée où plus de 13000 « monuments » datant du IX au XIIIe siècle et où il n’y a pas d’hôtels. New Bagan où on a mis les habitants et Nyang-u, où on range les touristes et les restos. Cette partie de la ville est la plus récente et on y trouve tout le nécessaire touristique. Bagan n’est pas inscrit à l’Unesco en raison de travaux de rénovation un peu trop libérés et pas fidèles à la grandeur des constructions de l’époque.
La totalité des sites se visitent sans chaussures et sans chaussettes. C’est comme ça !
Pour nous déplacer de temples en temples, nous avons loué sur 3 jours un scooter électrique. Il n’est en effet pas possible de se déplacer autrement pour les touristes. Nous avons réussi à négocier le nôtre sur 3 jours pour 11000 kiets (un peu plus de 6€). On a payé un peu plus cher le deuxième jour car on voulait profiter du coucher de soleil sur l’un des temples un peu plus loin.
On a globalement visité un très grand nombre de temples où on a été assez surpris par la misère très présente à l’entrée des « gros » mais aussi du calme des petits édifices un peu à l’écart. Plus d’une fois, nous nous sommes retrouvés seuls ou quasiment seuls. On y a vu des édifices vraiment magnifiques et d’autres qui commençaient vraiment à fatiguer. Un nouveau séisme survenu il y a quelques années a fini de faire du mal à certains temples déjà bien fragilisés par l’absence d’entretien et le poids des années.
On profitera de la pause repas pour acheter nos tickets de bus pour Yangon pour 27000k.
L’après-midi, on reprendra nos visites et on profitera d’un magnifique coucher de soleil légèrement à l’extérieur de la ville. On testera le resto de l’hôtel, sympa mais un peu cher (quand les prix sont affichés directement en dollars dans les pays asiatiques, ils sont gonflés !).
On a connu moins convivial !
13 janvier 2018 :
C’EST LE GRAND JOUR § Je fête mes 30 ans avec une levée de corps aux alentours de 4h du mat. Inutile de dire qu’on a connu, une nouvelle fois, plus convivial. L’idée derrière tout ça, c’est d’assister à un lever de soleil sur le temple où nous sommes allés regarder le coucher de soleil la veille. On récupère donc notre scooter et partons pour 30 minutes de scooter dans l’obscurité totale. On arrive dans le temple, nous installons et assistons à un spectacle vraiment magnifique, à mon sens plus beau que le coucher du soleil.
Lever de soleil à Bagan
Le calme et la beauté des paysages rendent le décor absolument parfait et on restera un petit moment à voir les alentours s’éveiller. On se réchauffera aussi avec les premiers rayons du soleil car tant qu’il n’est pas sorti, on se pèle bien assez ! On rentrera prendre un bon petit dej à l’hôtel pour nous remettre de nos émotions et Marghe passera le reste de la journée à prendre bien soin de moi avant de m’amener au resto le soir.
Les jolies montgolfières dans le ciel de feu de Bagan
On avait choisi la veille le resto italien « La Terrazza » à Bagan et Marghe avait fait en sorte qu’on soit bien hydratés pour la soirée : on voit donc arriver une bouteille de champagne pour trinquer à ma vieillesse (du vrai champagne, dans des flûtes et tout) et on mangera un repas comme on n’avait pas mangé depuis au moins plusieurs mois ! Des pâtes délicieuses, une viande bien cuite et bien assaisonnée. Bref, l’enjaille.
C’est vers la fin de la soirée, accompagné d’un verre de vin pour clôturer cette orgie gustative, que Marghe me montre mon 3e cadeau (déjà) : une vidéo où vous êtes tous là, avec vos beaux mots et vos têtes, voir même vos fesses pour certains. L’émotion atteint son paroxysme et je vous passerai les détails de mon larmoiement dans le resto. Ça faisait déjà 4 mois qu’on était partis et revoir tous ces beaux visages m’a vraiment fait chaud au cœur. A nouveau, un grand merci à tous pour ça et donc, la fameuse cagnotte.
Avec celle-ci, le repas et notre enivrement a été complètement réglé mais le meilleur restait à venir.
14 janvier 2018 :
Un fourgon vient en effet nous récupérer le 14 au petit matin pour nous amener sur un vaste terrain où nous sommes accueillis par des croissants et un bon café. Derrière nous, des hommes s’affairent pour préparer ce qui va être le clou de notre passage en Birmanie et je pense aussi, en tout cas pour ma part, de notre passage en Asie.
On va en effet monter dans une montgolfière pour assister au lever de soleil sur les temples de Bagan. Après les avoir vus au coucher, au lever depuis les temples, on va assister à ce spectacle formidable (grâce à vous) depuis les airs.
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Et que dire ? En fait, on ne peut rien dire, tout était parfait du début (à la prise en charge) jusqu’à l’atterrissage, dans un champ à quelques kilomètres de la « ville » où le personnel dressera une table pour qu’on y boive une flûte (ou mille) de champagne et que je me fasse offrir un bouquet de roses (oui oui) pour mon anniv. On reçoit en complément un diplôme et un pot à crayons ( ?) pour immortaliser l’instant. Marghe avait opté pour les Golden Eagle Ballooning que l’on ne peut que vous recommander à 100%. Le pilote était expérimenté, allemand, parlait français et avait l’habitude de faire des promenades à Fontainebleau. On a compris qu’il passait faire « la saison » à Bagan. La prise en charge était en outre complète et quel spectacle !
C’est vraiment un moment inoubliable et magique.
L’après-midi, on remonte sur notre fidèle monture pour visiter quelques temples supplémentaires avant de s’accorder une petite sieste avant de retrouver pour l’apéro (et plus si affinités !) avec nos comparses de voyage : les Hachetag ! Ces voyageurs parisiens nous retrouvent donc ici à Bagan pour l’un des premières étapes de leur voyage autour du monde. On fera donc connaissance autour de quelques pintes et on échangera sur nos vies de voyageurs (mais pas seulement) par la suite autour d’un magnifique Burger et surtout la retransmission en direct d’ASSE-TFC. A Bagan on aime la qualité comme vous pouvez le lire depuis plusieurs paragraphes maintenant. Avec la diffusion de ce mâche, on en est maintenant convaincus !
La soirée se déroule admirablement bien et on quand même contents d’être à pieds pour rentrer. On est ravis d’avoir pu échanger avec des gens « comme nous » et en français. On n’aura pas trop de mal pour trouver le sommeil, bien aidés par les 2 réveils matinaux du jour et de la veille.
15 janvier 2018 :
Toutes les meilleures choses ont une fin et il faut commencer à plier bagage pour préparer la dernière étape Birmane : Yangon.
Mais avant, on décide de continuer sur notre lancée de la bringue en allant déjeuner à midi au Sharky’s. Assez recommandé sur les internets et n°1 de Bagan sur Tripadvisor, on se dit que ce serait bête de passer à côté de ça !
Effectivement, ç’aurait été bête !
En rentrant dans l’immense cour intérieure, on se rend compte qu’on ne sera pas dérangé par les clients (qui se comptent au nombre de …2) et qu’on va pouvoir passer un bon moment quand on découvre la carte des menus.
23000 calories plus tard, nous sortons en rampant à même le sol tellement on a (bien) mangé ! J’y aurai dégusté un morceau de bœuf absolument succulent ainsi qu’un dessert chocolaté béni des dieux birmans. Marghe quant à elle avait opté pour le burger généreux et le même dessert.
C’est donc un quasi sans faute, on vous épargnera l’arnaque à la prière du temple Shwe Zagon que l’on a visité dans la foulée et où deux personnes nous ont proposé de les accompagner dans la prière (en jetant du lait sur une pierre, bref) PUIS en nous demandant des sous. On leur file 2000k de charité (1€ environ) en nous en voulant à nous plus qu’à elles. Ça n’enlèvera rien de ces quelques jours à Bagan qui est un incontournable absolu en Birmanie pour nous !
Superposition de merveilles #canard
En fin de journée, on monte donc dans un vieux tacot qui nous amènera à la station de bus après avoir fait le tour de la Birmanie pour acheter des feuilles de bétel. Les tickets de bus que nous avions acheté nous offrent le luxe de voyager en VIP. Et là, on a des sièges qui se déplient quasi intégralement, un écran avec des petits jeux, une pause régulière sur la route et une couverture si on a froid. Le trajet se fera donc sans aucune embûche.
A Yangon, retour à la dure vie ( !) de Backpacker
16 janvier 2018 :
On sent que ça se confirme assez sensiblement quand on nous pose à 20km de notre hôtel au début du jour dans une station de bus infernale où deux hommes se battent à grands coups de poings et où nous sommes les seuls étrangers. Il nous faut rallier l’hôtel où nous avons booké les dernières nuits de notre périple birmans et il va donc falloir prendre un taxi.
Après avoir esquivé les 750 gars qui nous suivent pour que l’on parte avec eux et qui ne parlent pas un mot d’anglais, on se met à la recherche d’une connexion wifi qui ne se fera qu’au KFC du coin où on sera accueilli par une blatte géante (mais morte). On se rend compte que cela ne servira à rien et qu’il va falloir se résoudre à prendre un taxi.
L’histoire se termine plutôt bien avec un chauffeur qui nous mènera pour 10000 kiets. On arrive à l’hôtel, le Shankkalay hostel et on sent là que la période de fêtes est terminée ! L’accueil y est toutefois courtois et on profitera de l’attente pour que notre chambre se libère pour prendre un petit dej très moyennasse.
Le wifi fonctionne en revanche assez bien et cela nous permet d’échanger un peu avec nos proches et répondre aux mails. On récupère notre chambre en fin de matinée et on peut dire qu’on baisse de quelques niveaux en standing ! La chambre n’a pas de fenêtre et une déco « atypique ». On a en outre des toilettes et des douches communes et une insonorisation digne d’un hall de gare en heure de pointe.
On s’en contentera et on partira donc à la visite du quartier.
Après ces quelques jours d’excès absolus, je suis dégouté de toute odeur de bouffe et ce sera le cas pendant l’intégralité du séjour à Yangon. La journée ne sera globalement pas violente après les secousses du matin !
17 janvier 2018 :
On part à la visite du quartier colonial et gouvernemental de la ville. On y découvre les restes d’une ville qui devait probablement être bien plus imposante et belle qu’aujourd’hui avec des bâtiments ayant du style et qui en « imposent ». Mal entretenus, ils perdent de leur superbe même s’il semble que les temps changent et que les birmans commencent à investir un peu sur la restauration de leur patrimoine (probablement en partie grâce à l’ouverture du pays).
« on sent le potentiel, mais c’est gaché par le peu d’efforts entrepris » – Bulletin de classe de collège Julien
On s’arrêtera « au milieu d’un rondpoint » pour visiter la Sule Pagoda. Il s’agit d’un très beau temple circulaire qui se situe entre le parc de l’indépendance et le palais royal. Attention là encore, un bonhomme parlant un très bon anglais a tenté de nous vendre je ne sais quoi pour nous soutirer quelques dollars.
Le parc de l’indépendance est très agréable à traverser et nous sert de point de départ pour rallier la fameuse Pagode Shwedagon (qui débloque toutes les doctrines de religion dans CIV IV). On s’arrêtera en route pour manger dans un resto qui donne sur la pagode et où les mets sont assez travaillés. Celui-ci étant situé dans un petit parc, on en profitera pour baptiser Marghe en pédalo et flâner un moment.
Vient donc ensuite la fameuse pagode. Et là encore, que dire ? Accueillis par un grand nombre d’escaliers et de boutiques de souvenirs venus tout droits de Chine, on se délestera tout de même de 10 000kiets chacun pour avoir le droit de visiter ce temple absolument gigantissime et magnifique.
La magnifique Pagode Shwedagon
C’est la pagode la plus majestueuse que l’on ait vu depuis le début du voyage mais aussi la plus grande et de loin. On s’amusera d’ailleurs à prendre la pose avec un moine fasciné par notre swag et qui nous arrêtera 2 fois pour être sûr de pouvoir montrer nos plus beaux profils à ses potes moines.
1000 points pour le paradis des bouddhistes CASH §§
On restera sur le site un bon moment, fascinés par la richesse des décors et la ferveur des fidèles.
En soirée, on se dirigera vers un complexe qui vient d’ouvrir, l’Urban 86 Baazar, où l’on trouve des stands de street-food bien sympas (les mêmes où on avait mangé la veille en fait !) et on se remettra en direction de l’hôtel à quelques hectomètres.
18 janvier 2018 :
On prépare la suite du voyage et notre retour en Thaïlande où nous allons de nouveau passer quelques jours. La journée ne sera pas violente. Je n’ai personnellement pas été charmé outre mesure par la ville mais probablement en raison du dégoût violent que générait les odeurs hyper fortes et présentes rencontrées de partout. Marghe avait ressenti ce même dégoût en attaquant le voyage en Chine à l’époque. On retiendra donc de Yangon son « attraction principale » : la pagode Shwedagon. Pour le reste, c’est du dispensable selon moi.
19 janvier 2018 :
C’est l’heure de partir. L’hôtel nous « affrète » un taxi pour l’aéroport et nous voilà de nouveau prêt au décollage cette fois pour Phuket où nous passerons quelques jours.
De ces deux semaines en Birmanie, on ne gardera que des souvenirs magnifiques donc. Entre le trek à Inle dans des décors de fou, les temples de Bagan et la gentillesse de la plupart des gens (avec une mention toute spéciale à notre guide à Inle et à notre hôte là-bas), on est vraiment tombés sous le charme de ce pays qui reste encore méconnu même si on a pu croiser bon nombre de touristes (mais pas « trop », loin s’en faut).
Le pays reste encore protégé et on espère que les troubles actuellement présents n’empêcheront pas son développement et son ouverture sur le monde.